Quand les parents rejettent l’orientation sexuelle de leur enfant :
comprendre, agir, protéger son identité
Dire à ses parents qu’on est homosexuel(le), bisexuel(le), transgenre ou non-binaire, c’est souvent un acte de courage immense. On ne le fait pas pour choquer, ni pour provoquer, mais parce que l’on souhaite vivre en vérité avec les personnes que l’on aime le plus.
Pourtant, dans de nombreuses familles, cette annonce provoque une onde de choc : silence, refus, colère, larmes, menaces… Certains parents rejettent le choix ou l'identité sexuelle de leur enfant, de manière ouverte ou passive, ce qui peut engendrer de graves blessures émotionnelles.
Pourquoi certains parents réagissent-ils avec rejet ?
Le rejet ne vient pas toujours d’un manque d’amour, mais d’un ensemble de peurs, de conditionnements et de projections culturelles ou personnelles.
Une rupture avec les attentes
Certains parents ont projeté une vie “idéale” pour leur enfant : un mariage hétérosexuel, des petits-enfants, une vie “normale”. Apprendre que leur fils est gay ou que leur fille est en couple avec une femme brise ces attentes.
Ils réagissent donc avec incompréhension, panique ou colère, pensant que leur enfant "dérive", "se perd", ou fait "un caprice".
Exemple : “Tu dis ça parce que tu n’as pas encore rencontré le bon garçon.”
Influence des croyances religieuses ou culturelles
Dans certaines familles, les normes religieuses ou culturelles pèsent lourd. L'homosexualité y est perçue comme une faute, un péché, voire une honte familiale.
Le parent rejette alors l’enfant au nom d’un système de valeurs, croyant “protéger” la famille ou “sauver” l’enfant de lui-même.
Exemple : “On ne fait pas ça chez nous.” / “Tu vas aller en enfer.” / “Ne le dis à personne, tu vas déshonorer la famille.”
Les conséquences du rejet parental
Le rejet d’un parent est l’une des blessures les plus profondes qu’un enfant ou jeune adulte puisse vivre, car il remet en question sa valeur, son droit d’exister, son identité.
Effets psychologiques :
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Sentiment d’abandon, de honte ou de trahison.
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Dépression, anxiété, isolement.
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Automutilation, tentatives de suicide.
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Perte d’estime de soi.
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Rupture ou éloignement familial.
Ex. : “Ma mère ne veut plus me parler depuis que je lui ai dit que j’étais transgenre. Elle dit qu’elle n’a plus d’enfant.”
Ce rejet peut provoquer une double peine : devoir lutter pour exister en tant que personne LGBTQ+, et en plus se battre pour ne pas perdre l’amour de ses parents.
Comment réagir face au rejet de ses parents ?
. Ne pas culpabiliser
Ton orientation sexuelle n’est pas une faute, une maladie, ni un choix capricieux. C’est une part de toi aussi naturelle que ta couleur de peau ou ton tempérament.
Tu n’as rien fait de mal. Ce sont leurs peurs, leur ignorance ou leurs croyances qui les empêchent de t’accepter pour l’instant.
Fixer des limites
Si ton ou tes parents deviennent toxiques, agressifs ou menaçants, il est vital de poser des limites claires, voire de prendre de la distance pour te protéger.
“Je suis toujours ton enfant. Mais si tu refuses de me respecter tel que je suis, alors je dois me protéger.”
Chercher du soutien extérieur
S’il y a rejet ou rupture, ne reste pas seul·e. Tourne-toi vers :
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Des amis bienveillants.
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Des associations LGBTQ+ locales ou en ligne.
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Des psychologues ou groupes de parole.
La communauté LGBTQ+ est riche de personnes qui ont vécu ce que tu traverses. Tu n’es pas seul·e.
Continuer d’exister avec fierté
Même si le rejet fait mal, il ne doit pas te définir. Tu as le droit de t’aimer, de t’affirmer, de te construire. Et parfois, l’acceptation des parents vient plus tard… quand ils comprennent ce qu’ils risquent de perdre.
“Au début, mes parents m’ont dit que j’étais malade. Trois ans plus tard, après avoir lu, parlé à d’autres parents et vu que je vivais mieux, ils sont revenus vers moi.” – T., 27 ans.
Livres pour comprendre et se reconstruire
1. “Coming out” – Denis-Martin Chabot (Éditions de l’Homme)
Des témoignages forts de jeunes ayant vécu le rejet, la violence, mais aussi la réconciliation.
2. “Transidentités : Ordinaire ou extraordinaire ?” – Karine Espineira
Une exploration des identités de genre et des difficultés face aux familles, avec une approche sociologique et humaine.
3. “Famille, je vous hais… pour mieux vous aimer” – Christophe Fauré
Une réflexion sur les blessures familiales, le rejet, et le pardon, particulièrement utile pour les personnes LGBTQ+.