Ma place dans les conflits parentaux
Être l’enfant de parents en conflit, c’est comme vivre au cœur d’un orage : on n’est ni la pluie, ni la foudre, mais on est trempé quand même.
Beaucoup de jeunes grandissent avec des tensions parentales plus ou moins visibles. Parfois, c’est une guerre froide, silencieuse, où l’on sent que "quelque chose ne va pas", mais personne ne dit rien. D’autres fois, c’est une guerre ouverte : cris, reproches, disputes, manipulation, voire silence radio entre les deux parents.
Mais quelle est ta place dans tout ça ? Et surtout… est-ce à toi de porter ce poids ?
Quand tu deviens le messager, l’arbitre ou le confident…
Exemple 1 : Lisa, 17 ans.
Ses parents sont séparés depuis 4 ans. Sa mère lui dit souvent : « Tu diras à ton père que s’il ne paie pas la pension, je le mets au tribunal. »
Lisa devient la messagère, mais à chaque fois qu’elle parle à son père, il s’énerve : « Ta mère te monte contre moi, tu n’as rien à dire là-dessus ! »
👉 Résultat : Lisa est prise entre deux feux. Elle développe de l’anxiété, des troubles du sommeil, et un profond sentiment de culpabilité.
Exemple 2 : Mehdi, 24 ans.
Ses parents sont toujours ensemble mais en conflit permanent. Mehdi est devenu leur « arbitre », celui qui calme les tensions, qui temporise.
👉 À force, il a mis de côté ses propres émotions. Il devient adulte avant l’âge, en oubliant de vivre sa jeunesse.
Les impacts invisibles mais puissants
Les conflits parentaux récurrents peuvent avoir des effets sur ton estime de toi, tes relations amicales, amoureuses, ton stress, et même ta santé mentale.
Tu peux te retrouver à :
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Te sentir coupable d’aimer les deux parents.
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Penser que tu dois choisir un camp, comme si tu ne pouvais pas rester neutre.
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Avoir peur de créer tes propres relations, par crainte de revivre les mêmes conflits.
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Te suradapter, devenir « parfait » pour ne pas aggraver la situation.
Reproduire les schémas ?
Ce qui est le plus insidieux, c’est qu’on reproduit souvent inconsciemment ce qu’on a vécu.
Tu as grandi dans un climat de conflits ? Tu pourrais :
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Tolérer des relations toxiques, pensant que c’est "normal".
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Devenir toi-même conflictuel/le ou au contraire complètement effacé/e, pour éviter les conflits.
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Te surinvestir dans le rôle de sauveur : vouloir réparer les autres, au lieu de te réparer toi-même.
Alors… que faire ?
1. Reprendre ta juste place
Ta place n’est ni de juger, ni de trancher, ni de réparer les blessures de tes parents.
Tu es l’enfant, même adulte. Et ce rôle n’a rien d’égoïste : il est juste légitime.
2. Mettre des mots sur ce que tu ressens
Écris ce que tu vis. Parle à un proche de confiance. Ou, mieux encore, à un psychologue, coach ou thérapeute.
Nommer les choses, c’est déjà commencer à les désamorcer.
3. Dire stop aux manipulations
Si tu sens qu’on te demande de choisir un camp, ose dire :
« Je ne veux pas être au milieu. J’ai besoin de parler à chacun sans porter le conflit. »
C’est difficile, mais c’est sain.
4. Ne pas avoir honte de se faire aider
La thérapie, ce n’est pas « être fou ». C’est avoir le courage de ne pas porter seul/e ce qui n’est pas à toi.
Propose à tes parents une médiation pour qu'ils trouvent le bon chemin et sortir de ses conflits.
📚 Des livres pour aller plus loin :
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« Les Loyautés » – Delphine de Vigan
Un roman poignant sur les liens invisibles, les secrets de famille, et ce qu’on porte malgré nous. -
« Ces enfants qui se protègent trop » – Saverio Tomasella
Un livre éclairant sur les jeunes qui deviennent adultes trop tôt pour survivre dans des familles dysfonctionnelles. -
« Parents toxiques » – Susan Forward
Un classique pour comprendre l’impact des conflits familiaux et apprendre à se reconstruire.
En conclusion
Tu n’es pas responsable du mal-être de tes parents.
Tu n’es pas là pour réparer leur histoire.
Mais tu peux écrire la tienne, libre, apaisée et lucide.
Ta place, c’est celle de quelqu’un qui mérite le respect, la sécurité émotionnelle et la paix intérieure.